Site relatif au jeu fractal. Aucun des faits mentionnés ici n'est réel. Numéro 3. An 5, Eté 6/8
-Niira- Je ne vis jamais le Roi pourtant son impérieuse voix
suffisait à glacer d’effroi, à inspirer le respect et
l’émoi. Il n’est pas question de choix, le charisme sait faire
loi. Nul besoin de pas de l’oie, personne ne devait porter sa croix,
nul artifice sournois, il était un chef cela allait de soi.
Je n’étais qu’une pleurnicheuse sans voix mais Mamy Gwaï et
lui crurent en moi, une pauvre fille qui se noie dans
d’éternelles larmes par la simple peur d’être soi.
C’était là toute leur intelligence, être capable de
faire confiance, détecter une certaine puissance, même
dans les pires engeances, sans se soucier de l’ambiance loin des
bureaucraties bien rances. Tandis que des costumés se
remplissant la panse, à en faire exploser cruellement une
balance, plaçaient de petits pions qui si rarement pensent,
d’autres donnaient à l’humanité une chance.
Pas de règne sans partage, nul empire à travers les
âges, tout cela n’était pas une cage, juste un
héritage.
Mais le décor est malsain, le mensonge ne prendra jamais fin,
tous ces hommages ne cachent rien ? Ils étaient si nombreux tous
ces chiens, passant leurs journées à cracher leur venin,
où sont-ils donc ces hommes de bien ? Des lâches à
la prestance de nains, n’assumant plus en ce prétendu matin pour
se faire passer pour des saints.
Il est dit qu’on respectera les morts, même si on le
considère comme un porc, trop de sincérité fait du
tort et surtout le silence moral est d’or.
Au milieu de cette canicule, sous la pitoyable férule de
quelques pauvres mules, ils festoient sans peur du ridicule, sur le
cadavre virtuel de Darkjul. Sans doute n’ont-ils pas le recul pour
faire ce simple calcul, eux qui vivent dans leur bulle. Car vient de
céder la valvule, celle qui retenait le sang hors du ventricule.
Vous devriez trembler de terreur, pleurer sans cesse cette peur, qui
vous faisait craindre un destructeur, alors qu’il était un
constructeur.
Tant de choses furent créées, nous avons peur que cela
soit gâché. Ceux qui sont animés d’une
réelle sincérité ont conscience du danger. Cette
œuvre doit être conservée, un message doit être
sauvegardé, nous ne devons imaginer ce monde, devenu
hémophile, saigner, d’une inexorable hémorragie, qui le
fera sombrer.
En ce nouveau soir, il fait déjà nuit noire pourtant il
demeure l’espoir: malgré sa mort le Dragon Noir nous a
laissé un héritage pour croire.
-DN- On nous apprend à l'instant
que des attaques ont été lancées par Salem et ses
alliés contre la veuve de Darkjul, son nouveau né et les
membres de son escorte. Ces actions méprisables -Les DN
n'ont pas attaqué Kieva du temps de sa grossesse- prouvent bien
la nécessité pour la paix dans le désert d'un
changement de direction à Salem.
Le Petit DN illustré, ce sont aussi les autres numéros
-Par Sval.-
Lors d'une de mes dernières conversations avec Darkjul,
celui-ci a évoqué son passé. De son arrivée
dans le désert dans la région de New Napoli, seul
survivant d'un village ravagé par le crash, à son
installation en Draconia II, en passant par ses fréquents
voyages dans le nord entre le Bordel et Chez Jo. Sa première
monture, découverte dans le désert, qui lui fait
comprendre l'importance de sa
mobilité nouvellement acquise.
Sa rencontre avec Jackson
Richardson
lors de son passage chez Jo, qui deviendra son compagnon le plus
proche jusqu'à sa disparition: deux guerriers audacieux et
rusés. Jackson et Darkjul forment alors
un couple infernal, ravageant les coms
hostiles. Cette époque culmine avec la victoire absolue
sur les ADN du sud, pui sla mort de Zora devant Nouvelle Aube, la
ville que Darkjul avait sauvé de la famine.
Ensuite, c'est le développement du Sud qui prime: l'installation
en Draconia II, la construction des routes, l'utilisation du
pétrole pour faciliter les voyages: un nouvel
age est franchi.
Ses dernières actions publiques: participation au
lancement du Greenflouze, proposition de paix à Salem,
expédition dans les terres inexplorées montrent tout ce
qu'il était capable de susciter autour de lui.
-Klory- L'grand
duc. Ouais. j'l'avais appelé comme ça, une fois,
c'était venu assez rapidement, puis c'est resté.
J'sais pas si c'est son oiseau de proie qui m'avait donné l'idée ou
tout simplement ses yeux de braise lorsqu'il m'a regardé la première
fois, ouam, le gamin.
Zyva, J'tenais les dunes, t'vois le genre, je rouille quoi, dans la
partie qui s'appelait autrefois la Draconia. Il a débarqué avec ses
potos et il m'a pris son son aile, direct, ça comme. A l'époque,
j'étais qu'un môme.
Et lui, il m'a fait confiance, veugra, et ça mon keum, ca soude l'équipe, t'vois.
J'ai perdu plusieurs parents aujourd'hui, ouais... le chef de clan, mon
frère d'arme, mon père spirituel. Mais t'en fais pas le Duc, on va pas
s'arrêter là.
-DN-Nous avons reçu de nombreux
messages suite au décés de Darkjul. Nous
espérons que ce soit une preuve que le désert souhaite
poursuivre l'oeuvre de paix que Darkjul avait su initier au Sud.
-Justbob- Salut Sval.
Je t'envoie juste un petit mot d'encouragement, je ne peux faire guère plus.
Poursuis ton oeuvre, c'est la plus belle sépulture que tu puisses donner à Darkjul.
Amicalement.
-DN- L'homme le plus
célèbre du désert est décédé
au début de la sixième lune de l'été de
l'An 5. Notre journal tient à rendre hommage au plus grand
leader du désert. Darkjul était un homme exceptionnel par
sa connaissance de ce monde. Tous ceux qui l'ont cotoyé de
près reconnaissent ses talents d'organisateur. Darkjul a
réussi plus qu'aucun autre à atteindre ses buts,
grâce à sa détermination, à son audace, et
à une profonde compréhension des lois du désert.
Ses
ennemis lui reprochaient d'être un pillard sanguinaire, mais
si Darkjul a toujours été sans pitié avec ses
ennemis, il a aussi beaucoup aidé au développement du
désert. C'est à son initiative que le premier
réseau routier du désert est construit, d'Ebola à
Métal Hurlant, c'est aussi lui qui apporte la paix au sud-Sylver
et défend les communautés neutres du sud contre les
attaques du nord. Sa dernière action fut de négocier un
accord avec Salem pour mettre un frein à l'activisme guerrier de
certains de ses citoyens. Sa mort ouvre une ère d'incertitude
pour les habitants pacifiques de Draconia et des communautés
amies.
-De Isidore Belpute-Misère, voyeur et raporteur des voix du désert-
Le vent souffle, emportant les grains de sables d’une dune qui s’affaiblit pour en fortifier une autre, un peu plus loin.
Le Seigneur vient de succomber dans les bras de sa déesse d’airain. Le
Duc vient de perdre son ultime combat. Pas contre les hommes mais
contre lui-même.
La gorge sèche, le manque d’eau n’en est pas le facteur, je
m’approche du convoi que je suis depuis quelques lunes, malgré le
danger.
Je ne peux croire ce que je vois à travers mes jumelles. L’homme
le plus craint du désert allongé sur son linceul, entouré de ses
"Loups". Seul le bruit du vent vient troubler ce tableau dramatique.
J’ai vu la cruauté exercée par la plupart des personnes présentes
autour de la dépouille; jamais je n’aurai cru pouvoir les observer
aussi calmes… Aussi respectueux.
Une sueur froide coule le long de mes vertèbres. Le temps semble
s’être arrêté sur ces visages si durs et
éprouvés.
Je verse une larme pour le Miséricordieux car ses "pacificateurs" ne le feront pas.
Le petit Duc est dans les bras de sa mère, l’Ordre des Dragons Noirs n’est pas mort.
Un homme s’éteint, une Légende s’éveille.
IB-M, le meurtre d'aujourd'hui c'est l'info de demain!
-Sydney-
La chaleur accablante de la journée était pour un supplice depuis
quelques semaines, la grossesse était bien plus douloureuse et pénible
qu’une balle de calibre 45 logée dans la cuisse. Malgré tout j’évitais
de montrer cette faiblesse à mes compagnons et je continuais mes
activités normalement.
J’avais quitté le groupe en début de
journée prétextant de partir en mission de reconnaissance, après avoir
marché pendant trois heures sous un soleil de plond, je découvris enfin
ce que je cherchais un affleurement rocheux au milieu de cette mer de
sable, cet endroit bien que lugubre avait un air de paradis, un endroit
frais et ombragé, presque idéal pour mettre un enfant au monde.
Huit
heures plus tard épuisée je tranchais avec mes dents le cordon
ombilical, je pris notre enfant dans mes bras et vis que c’était un
garçon, Darkjul et moi avions décidé que si c’était un jeune male nous
l’appellerions Cäjul.
Je regardais avec l’œil bienveillant
d’une mère cette petite chose fragile qui hurlait effrayée de découvrir
ce monde. Pour le protéger du froid je le couvris de ma vieille veste
militaire et j’entrepris le voyage du retour serrant fort mon fils dans
mes bras, Cäjul se calma et nous arrivâmes sans bruit au campement
principal.
Tout mes compagnons me dévisagèrent en me voyant
arriver avec notre bébé, aucun d’entre eux n’avait eu l’occasion de
voir un nouveau né toutefois je les ignora et me rendis sans perdre un
instant vers Darkjul, son état avait empiré depuis ce matin. Je
touchais son front la fièvre avait monté, il était brulant et n’était
pas conscient, le lui chuchota à l’oreille « Darkjul c’est moi Sydney
réveilles toi tu dois voir ton fils Cäjul »
A ma grande
surprise il ouvrit les yeux et me sourit, en voyant son fils il
rassembla toutes ses forces pour se lever, il posa sa main sur mon
épaule pour se soutenir et regarda son fils avec fierté. Un instant je
pensa qu’il était guéri son regard était redevenu lucide et il ne
tremblait plus, il prononça le nom de son fils d’une voix impérieuse et
la seconde d’après il s’effondra.
Je sus sans vérifier qu’il
était mort, nous nous rassemblèrent autour de la dépouille mortelle de
notre leader certains ne purent retenir leurs larmes et d’autres comme
moi cachèrent leurs tristesse mais nous ressentions tous la même chose.
Morgul prit la parole étant son plus ancien compagnon d’armes et ses
paroles auraient pu venir de Darkjul.
Le désert implacable
avait appliqué ses lois, une vie pour une vie et sous un ciel dégagé
parsemé d’étoiles nous saluèrent la venue de Cäjul et le départ de
Darkjul par des salves de nos fusils automatique.
Adieu mon doux Prince